10-11-12 mai 2016, Montréal, Université McGill
Toutes nos activités du colloque se dérouleront à la salle 112 du pavillon Rutherford de l’Université McGill, situé au 3600, rue University (voir la carte du campus).
Les liens YouTube vers les conférences sont au bas de cette page web.
Responsable(s) :
Florence Piron, Université Laval
Mélissa Lieutenant-Gosselin, Université Laval
Laurence Brière, UQAM – Université du Québec à Montréal
Dans le régime contemporain de production des savoirs, le modèle dominant (positiviste réaliste) de la science prend pour acquis qu’elle vise l’étude objective de la réalité en s’appuyant, notamment, sur l’application rigoureuse de la méthode ou démarche « scientifique ». Cette dernière éviterait que des personnes ou des contextes influencent les résultats de recherche, ce qui leur permettraient d’être généralisables et universels. La neutralité du processus de recherche et des scientifiques serait dont nécessaire pour garantir la scientificité – et donc la vérité – d’une connaissance. Bien que dominante ou tenue pour acquise dans la plupart des sciences, cette vision est vivement contestée par les études sociales des sciences ou l’histoire des sciences, mais aussi par les études féministes et post-coloniales. Ces critiques de la possibilité de la science neutre estiment plutôt que les faits et les théories scientifiques sont construits et influencés par le contexte social, culturel ou politique dans lequel travaillent les scientifiques, ainsi que par les conditions matérielles de leur travail. La reconnaissance de l’ancrage social de la science rend impensable, pour ces critiques, l’idée même de neutralité, de point de vue se situant hors de tout point de vue.
Bien qu’ancien, ce débat nous semble toujours d’actualité et très éclairant pour comprendre différents controverses et débats publics. Nous proposons quatre axes de réflexion : épistémologique, politique, éthique et sociétal.
* L’axe épistémologique posera la question de la neutralité dans le travail cognitif de fabrication des connaissances et dans la conception de la vérité qui circule en science.
* L’axe politique discutera de l’injonction de neutralité faite aux scientifiques dont les travaux touchent à des enjeux politiques majeurs qui les invitent à prendre parti.
* L’axe éthique interrogera l’idée subversive que « la doctrine de la neutralité sert avant tout à la science à s’exonérer de toute responsabilité face à ses effets » (Toulouse 2001).
* L’axe sociétal réfléchira à l’influence des rapports sociaux et des idéologies économiques sur le développement des sciences, des objets de recherche et des politiques scientifiques.
Ce colloque permettra d’actualiser un débat ancien sur ce qui fonde la scientificité de la science contemporaine et, par voie de conséquence, sur ce qui peut justifier les fonds publics qui lui sont accordés, sur son capital symbolique et son prestige. La neutralité est-elle un pilier indispensable de cette scientificité? Les critiques qui en sont faites nuisent-elles à la crédibilité de la science ou, au contraire, ouvrent-elles sur d’autres piliers possibles? Quels sont les avantages et les risques liés au rejet de l’injonction de neutralité par les scientifiques? Ce débat n’est pas souvent abordé dans les cours de méthodologie ou les réflexions de métascience, comme s’il était clos pour les tenants de chacune des deux positions : soit la neutralité est une condition de la science si évidente qu’elle n’est jamais réfléchie, soit elle est un mirage dont il faut se débarrasser, mais au profit de quoi? Relancer un dialogue entre les tenants de ces postures pour voir ce qui les rapproche ou les sépare dans le contexte actuel permettra de comprendre d’une manière différente et peut-être plus éclairante certaines controverses, par exemple sur la place de l’éthique dans la formation à la recherche, sur le militantisme des scientifiques ou sur les priorités des politiques scientifiques ou encore, sur le débat tout récent concernant la « post-vérité ». Que penser de l’absence de la posture critique du positivisme réaliste dans certaines formations à la recherche doctorale? Le militantisme exclut-il la possibilité de créer des connaissances pertinentes et importantes? L’injonction de neutralité favorise-t-elle la qualité de la science produite ou le silence des scientifiques face au déploiement des politiques scientifiques néolibérales? Les tables rondes et présentations de notre colloque exploreront ces enjeux à travers différentes disciplines et domaines d’études.
Mercredi 10 mai
La neutralité axiologique en recherche scientifique est, pour la famille des positivistes, une condition éthique et méthodologique nécessaire à la qualité du travail scientifique et à l’atteinte de la vérité (un jour). Cette posture considère donc que les valeurs et les sentiments moraux des individus peuvent les détourner du chemin vers la vérité qui est la fin ultime. Le discours positiviste fait ainsi l’apologie d’une science amorale, protocolisée, robotisée, tout en se présentant comme une « éthique »… Pour la famille des constructivistes et des interprétativistes, l’injonction de neutralité est un artifice de langage qui dresse les scientifiques à réprimer l’expression de leur voix singulière, donc de leur moralité, et qui masque le caractère situé, contextuel, de toute production de connaissance – notamment l’ancrage structurel de la pratique scientifique dans des rapports sociaux et des contextes politiques. Le conflit entre ces deux points de vue est-il un conflit de valeurs entre l’amour de la vérité, d’un côté, et l’exigence de transparence éthique, de l’autre? Je propose de recadrer ce débat. Refusant de considérer les sentiments moraux comme nuisibles et les voyant comme indispensables à une pensée authentiquement humaine, l’injonction de neutralité axiologique m’apparait peu heuristique, hypocrite et surtout biaisée en faveur des savoirs dominants qui ont appris à baser leur validité sur TINA (« there is no alternative »), le slogan de Thatcher. Je terminerai en explorant les liens entre l’idéologie néolibérale dans laquelle nous vivons, son rapport à l’éthique et la survie prospère du positivisme dans nos universités.
Des relations difficiles entre enseignements issus des recherches et pratiques militantes Éric GEORGE
Le développement des études en communication au Québec a été fortement marqué par la critique sociale dans les années 1970. Dans un texte rédigé en 1999, Serge Proulx écrivait qu’il s’agissait « non seulement d’effectuer un travail de critique théorique de la communication mais aussi de mettre en place un lieu de formation pratique d’où sortiraient éventuellement de jeunes diplômés en communication susceptibles de développer des manières alternatives de pratiquer la communication dans une société québécoise en bouillonnement ». Le Portapak, premier enregistreur vidéo portable « grand public », devenait l’outil technique par lequel il serait dorénavant possible de lutter contre la communication de masse et de donner enfin la parole à toutes et à tous. D’ailleurs, Proulx rappelle qu’à cette époque, beaucoup estimaient que ce serait par le biais des médias que le changement social adviendrait. Depuis, les travaux consacrés à des phénomènes et processus communicationnels ont pris une place croissante dans les sciences humaines et sociales. Un vaste ensemble de recherches se prétendant « critiques » a été développée autour de l’École de Francfort, de l’économie politique de la communication et des cultural studies. Or, nous verrons dans le cadre de cette présentation que, malgré leur dimension critique et leur ancrage dans le social-historique, ces trois ensembles de travaux présentent à certains égards des rapports difficiles avec les mobilisations sociales. On pourrait penser que dans le cadre d’une perspective critique d’inspiration marxiste, élaboration conceptuelle et praxis sociale vont de pair. Mais ce n’est pas si simple…
Perspectives critiques et études sur le numérique: entre éducation et renforcement du status quo : Lena HÜBNER
Mon intervention s’intéressera aux liens entre recherche et changement social. Elle s’inscrit dans le cadre de ma thèse de doctorat sur la circulation et l’appropriation de discours produits par les partis politiques canadiens et médiatisés via Facebook. Alors que la plupart des recherches en communication politique s’arrêtent à la description des phénomènes étudiés afin de préserver une certaine « neutralité », nous avons choisi d’adopter une perspective critique. Il est ici important de signaler que cela ne signifie pas vouloir imposer un point de vue, mais plutôt que nos résultats de recherches devraient avant tout servir comme instrument afin de comprendre le monde et pour développer un esprit critique chez les citoyens et citoyennes. Toutefois, cette posture épistémologique nous amène à un dilemme : tandis que nos résultats de recherches visent à éveiller « une conscience d’en bas » (Fairclough, 1992), à « donner des armes » (Bourdieu, 1977), les mécanismes mêmes de cette éducation, si elle passe par le numérique, risquent d’être réappropriés par les institutions politico-économiques. Alors, que faire?
Comprendre les extrêmes. De l’engagement à la réflexivité Sklaerenn LE GALLO
Notre communication porte sur la question du rapport entre le chercheur et l’engagement lorsqu’il traite d’un sujet de société – dans notre cas, l’extrême-droite en France – qui ne laisse personne indifférent. L’inscription de celui-ci dans une démarche scientifique de critique sociale (Bourdieu et Boltanski, 1976) nécessite qu’il s’immerge dans « des univers de croyances auquel [il] n’adhère pas » (Cefaï et Amiraux, 2002, en ligne) pour les comprendre, les expliquer et les interpréter c’est-à-dire produire un discours critique dans l’espace public. Ce paradoxe apparent entre un « impératif de mise à distance […] [et] l’exigence de participation » (ibid.) peut certes parfois mener à un besoin pour le chercheur de produire une justification en vue de faire accepter au public et rendre légitime sa pratique mais il doit avant toute chose conduire celui-ci à la réflexivité. En effet, le chercheur est « quelqu’un qui va sur le terrain de la politique mais sans abandonner ses exigences et ses compétences de chercheur » (Bourdieu, 2000, p. 206), « c’est [donc] avec et contre soi qu’il faut se battre pour produire du savoir » (Céfaï et Amiraux, op. cit.). Cette pensée sur la production de savoir par les chercheur-e-s vise à s’insérer dans le projet de renouvellement des représentations sociales, dans l’idée bourdieusienne selon laquelle « ce que le monde social a fait, le monde social peut, armé de ce savoir, le défaire ».
Recherche et enseignement : proposition d’un tournant procédural : France AUBIN
Les perspectives critiques dérogent explicitement au principe de neutralité si on entend par neutralité le non-engagement. De fait, les perspectives critiques reposent sur un diagnostic négatif du monde, un monde qu’elles visent à transformer en rendant visibles des signes relativement tangibles d’émancipation. Dans la foulée de Horkheimer (1974) selon lequel il n’existerait pas de connaissances désintéressées et qu’il importe d’en découvrir les différentes finalités, Habermas avait proposé une typologie des disciplines, identifiant certaines d’entre elles comme étant portées par l’intérêt de l’émancipation (1984). Habermas s’est progressivement éloigné d’une telle classification, au motif qu’elle serait fondamentalement métaphysique, c’est-à-dire insuffisamment neutre et objective. Néanmoins, historiquement (c’est-à-dire sur des bases factuelles et non normatives), certaines disciplines se sont plus orientées vers la reproduction de la société que vers sa transformation. D’autres comme la communication sont encore le théâtre de controverses où s’affrontent des visions du monde souvent contrastées. Si tel est le cas, à quoi reconnaît-on ces visions du monde ? Comment, par exemple, repère-t-on les perspectives critiques ? Au-delà de l’appareil conceptuel, je souhaite poser la question du savoir profane et en particulier celui des étudiants, à mi-chemin entre la doxa et le savoir savant. Leur accorder de l’importance me paraît, à ce jour, remplir différents objectifs dont celui d’observer de près les mutations en cours dans le secteur des communications dont les étudiants sont à même de rendre compte « de l’intérieur » en mobilisant un savoir expérientiel. La reconnaissance de ce savoir expérientiel influence la production de la recherche, mais participe également à l’émancipation des étudiants dans le contexte d’un tournant procédural en faveur de l’enseignement. Il ne s’agit pas de nier le savoir légitime mais de prendre en considération d’autres sources pour le valider, rompant avec la dissymétrie habituelle de la salle de classe. En clair, je propose l’idée selon laquelle la perspective critique se situe aussi bien en aval qu’en amont, c’est-à-dire dans la praxis de l’enseignement autant que dans son contenu dérivé de la recherche.
Communication et épistémologie : Lorsque la neutralité est inatteignable Valérie PAQUET et Julia MOREL
En partant du principe que la neutralité au sein de la recherche en sciences sociales est inatteignable et que nous en sommes conscients, il paraît nécessaire de souligner ce biais dans tout processus de recherche académique. Nos recherches personnelles s’inscrivant dans le paradigme dominant du constructivisme, nous avons choisi de nous pencher sur les écrits de trois auteurs phares dans le domaine des sciences sociales : Gaston Bachelard, Givonani Busino et Jean-Pierre Olivier De Sardan. Les concepts de rupture épistémologique, de preuve et enfin la dynamique entre la dimension étique et émique seront au centre de nos questionnements et permettront d’apporter des réponses à notre constat de départ. Ces trois auteurs sont rattachés à des disciplines différentes des sciences sociales et pourtant aboutissent à des conclusions similaires : la neutralité est inatteignable. La discussion s’ouvrira par la suite sur deux études de cas, l’une à caractère macro-économique tandis que l’autre se rapportera à une approche micro-économique. Dans quelles mesures le fait d’être conscient d’une non-neutralité nous permet, en tant qu’étudiantes à la maitrise en communication, de pallier à nos biais de recherche aussi bien sur le plan personnel que structurel ?
La neutralité pour quoi faire ? Pour une historicisation de la rigueur scientifique : Oumar KANE
La question de la neutralité est inextricablement liée à celle de l’objectivité dans la production scientifique où elles sont mises au service de l’impératif de rigueur. Dans cette présentation, nous aborderons les considérations liées à cette exigence de rigueur et montrerons de quelle manière ont émergé des discours scientifiques soucieux de reconsidérer la rigueur sur de nouvelles bases ou plus radicalement de plaider pour la non-pertinence de l’exigence d’objectivité et de la neutralité dans les sciences humaines et sociales. Nous terminerons en évoquant certaines des implications spécifiques pour l’analyse des phénomènes communicationnels.
13 h 30 Bricolages de données et secret dans le domaine de la neuro-imagerie
Giulia Anichini (LABCMO, UQAM):
Je parlerai de l’utilisation de données issues de d’Imagerie par résonance magnétique (IRM) par les chercheurs en neurosciences. À travers des études de cas, je vais aborder des pratiques de « bricolage de données » qui consistent à faire varier les méthodes d’analyse d’images pour aboutir à des résultats qui s’approchent le plus des prédictions des chercheurs. Dans le cas de données issues d’une expérience d’IRM fonctionnelle, par exemple, on peut essayer diverses options de traitement pour « sauver » des résultats récalcitrants (Anichini, 2014). Dans l’exploration de bases de données aussi, les chercheurs observés regroupent différemment les images en évaluant les résultats au prisme de certaines hypothèses. Au niveau épistémique, ces pratiques de « bricolage » attestent d’une rencontre, considérée comme problématique, entre la méthode exploratoire dirigée par les données et la méthode expérimentale. La pression de la publication dans le domaine de la neuro-imagerie explique en partie ces pratiques. La faveur accordée par les revues scientifique aux résultats « positifs » amène les chercheurs à « bricoler » mais aussi à occulter des données qui vont à l’encontre des paradigmes dominants. J’expliquerai comment les contraintes liées à la publication favorisent une gestion particulière des anomalies en science.
13 h 55 Les sciences impliquées entre objectivité épistémique et impartialité engagée
Donato Bergandi (Muséum national d’histoire naturelle)
Quel est le rôle des sciences et des scientifiques dans des sociétés où, tout en étant formellement démocratiques, une multitude d’indices convergents configurent la gestion de la res publica par une caste oligarchique politico-économique ? Cette caste, plutôt encline à gérer les ressources environnementales sur la base d’intérêts particuliers ne tient compte ni du bien commun ni des équilibres biosphériques. Dans un tel contexte, le rôle des sciences et des scientifiques est crucial dans des questions et par rapport à des objets de recherche à l’interface entre science et société et qui génèrent des controverses socio-scientifiques. Ces questions et objets de recherche nécessitent des cadres épistémiques et épistémologiques spécifiques en rupture avec la vulgata épistémologique traditionnelle. Ainsi, il n’est plus possible d’aborder des questions et des objets de recherche propres aux « sciences impliquées » sur la base du paradigme dominant, et qui fait de l’objectivisme réaliste d’origine positiviste et néopositiviste l’idéal scientifique auquel tous les chercheurs se doivent d’adhérer. Ce qui signifie que des sciences dont les thématiques abordées ne sont pas exclusivement scientifiques, mais également économiques, politiques, éthiques et plus largement socioculturelles, inévitablement génèrent des controverses socio-scientifiques. Ces controverses ne peuvent, en aucun cas, être solutionnées en se limitant à l’expérience scientifique ou aux « faits ». Emblématique dans ce sens est le développement d’un certain nombre de disciplines contemporaines telles que la biologie moléculaire, le génie génétique, la biologie de synthèse, l’écologie, l’ingénierie écologique, les sciences du climat et leurs enjeux multiples. A la recherche des multiples enjeux sous-jacents aux relations risquées et critiques existantes entre l’objectivité, l’impartialité et l’engagement dans le cas des sciences impliquées et des questions scientifiques socialement vives, il est proposé le concept et la posture déontologique de l’« impartialité engagée ». Une telle posture serait capable de garantir un juste équilibre entre l’idéal de l’objectivité scientifique – le scientifique qui l’adopterait essayera de ne pas se faire guider par ses préférences et préjudices dans la sélection des données théoriques et factuelles – et l’engagement ethico-politique du chercheur qui, d’une part considère que la dichotomie faits/valeurs n’est pas réalisable dans son spécifique domaine de compétence et que, d’autre part, en étant conscient de son engagement (scientifique, moral, politique), il exprime publiquement ses jugements de valeurs dans un cadre d’expertise ou en participant au débat public.
Le concept se présente comme un outil langagier et méthodologique au moyen duquel il est possible de saisir la réalité, de sorte qu’il agit comme médiation par laquelle une signification est véhiculée et objectivement appréhendée. Or, le fondement langagier du concept en fait une unité de sens intimement attachée à l’activité cognitive qui s’en empare. C’est pourquoi le concept et la pensée doivent être approchés en fonction d’une relation indissociable par laquelle la (re)connaissance des objets du monde est possible suivant son enracinement socio-historique. Cela dit, cet ancrage met en évidence le fait que les concepts ne sont jamais neutres, c’est-à-dire qu’ils sont empreints d’une teneur normative et idéologique propre à la culture « épistémologique » et à l’esprit du temps qui participent de leur construction dialectique. Et puisque ce contexte est intrinsèque à l’entreprise de connaissance du monde, tout chercheur désirant accéder à la saisie de la réalité doit tenir compte de la nature « culturelle » du procès par lequel la « réalité » est envisageable et ce, par le biais d’une prise en considération de l’univers de sens sur lequel prend appui la pensée humaine. C’est en fonction de ces considérations que je m’appliquerai, dans le cadre de cette communication, à mettre en lumière la nature sociale de tout projet de connaissance selon le rapport d’objectivation socio-historiquement ancré qui sous-tend toute désignation conceptuelle et la pensée qui la réfléchit.
La neutralité axiologique distingue jugement de valeur et jugement de fait. Ce dernier serait objectif parce que dénué d’intention. Or, dès le début du 20e siècle, le mathématicien et logicien Whitehead entreprend une vive critique à propos de la question de l’intentionnalité du savant. Husserl montre que la neutralité entraine une extranéation : cette attitude déshumanisante où l’homme se rend étranger à lui-même.
Une critique épistémologique émane de Marcuse ou Feyerabend. Ils établissent que la vérité scientifique fait le choix de ses finalités, à commencer par l’obtention d’un résultat éprouvé en vertu du principe même de la méthode scientifique : la répétition sans laquelle il n’y a pas de savoir scientifique. Wiener considère cette soumission au principe de répétition comme un abus et Feyerabend met en perspective des finalités qui se valent en ceci qu’elles relèvent de choix de société.
La praxis scientifique fixe une règle à la pratique en niant qu’il puisse y en avoir d’autres. Or, la raison pratique montre qu’il existe un champ des possibles dont les voies ont une économie propre sans qu’aucune ne puisse se prévaloir de sa supériorité. Elles ont une logique où se composent les termes d’une mesure de l’action. La raison arbitre entre des fins : biens communs, intérêts, performances. Les théoriciens de la praxéaologie (Kotarbinski, Mises et Skirbekk) expliquent cette rationalité orientée en vertu de considérations externes à l’exercice scientifique.
À partir des notions d’incommensurabilité et de paradigme, Kuhn met en question la neutralité de la science. Selon certains critiques, un telle approche n’est pas admissible car elle condamne la méthode scientifique à l’irrationalité et au relativisme. Je m’appuierai sur les travaux de Putnam (Putnam 1981, 2002) pour montrer que sensibilité au contexte (ou non-neutralité) et rationalité (ou objectivité) ne sont pas antithétiques si l’on parvient à faire droit à une rationalité évaluative. Je mobiliserai les réponses que propose Putnam à ce défi pour construire une approche globale des enquêtes rationnelles (ou scientifique), au sein de laquelle rationalité et objectivité ne sont plus synonymes de neutralité, mais, au contraire, se forgent au moyen de retours réflexifs sur les pratiques d’enquêtes (Popa, Guillermin, and Dedeurwaerdere 2015). Je mettrai alors en évidence l’intérêt d’une telle approche pour articuler science et éthique. J’illustrerai mon propos par la discussion d’un exemple tiré du domaine des big data biomédicales.
JEUDI 11 mai 2017
En 2015, à la demande d’un groupe citoyen, j’ai accepté de témoigner dans le recours collectif intenté contre Éoliennes de l’Érable. Ma thèse de doctorat — complétée en 2012 — portait sur la cohésion sociale dans cette communauté divisée par l’implantation d’un parc éolien ; elle a été déposée en preuve devant le tribunal, comme un rapport d’expertise. À titre d’experte, j’allais pouvoir présenter ma thèse comme une « opinion », alors qu’un témoin « ordinaire » doit se contenter de rapporter les faits, au meilleur de son souvenir. Le privilège de donner mon « opinion » venait avec la responsabilité de démontrer mon objectivité, plus que la rigueur de ma démarche, car les critères qui, dans le milieu scientifique, ont permis de valider la qualité de ma recherche ne sont pas ceux qui intéressent les tribunaux. En prétextant vouloir mener une contre-expertise de ma thèse, des avocats allaient plutôt chercher tous les endroits, réels ou imaginés, où mon jupon idéologique aurait pu dépasser. Convaincue depuis le début de mes études que la neutralité en science n’existe pas, je me heurtais à un système qui allait tout tenter pour prouver mes biais. L’expérience m’aura appris que le simple fait de m’intéresser à l’objet de recherche que j’avais choisi me disqualifiait comme témoin crédible ; après tout, j’avais voulu étudier un conflit là où des gens ne voyaient qu’un beau projet éolien.
Nous proposons dans cet exposé une réflexion sur l’heuristique ouverte par le dépassement du modèle de neutralité des sciences en société. Deux études anthropo-épistémologiques de terrains que nous avons menées sous un angle communicationnel nous permettent d’interroger la responsabilité sociale de chercheurs en situation de controverse construisant collectivement une expertise publicisée. Nous parlons d’ailleurs nous-même d’un point de vue situé, à savoir constructiviste et engagé, pensant nos faits intriqués à des valeurs signifiantes. Le premier terrain* concerne une auto-saisie en 2010 d’un laboratoire de géosciences du sud de la France expertisant les conséquences de l’exploitation des gaz de schistes. Conscients au niveau individuel de potentiels conflits d’intérêts et du mirage de neutralité, ils ont collectivement procédé à l’effacement des points de vue individuels, sans publiciser le parti pris méthodologique de neutralisation de leurs opinions hétérogènes. Nous pensons que ce procédé participe à délégitimer l’expertise et sert finalement peu le débat public. Le deuxième terrain** concerne une proposition de réforme du droit de la famille promut par des chercheurs en sciences humaines et sociales, commanditée en 2013 par le gouvernement français. L’horizon politique est assumé par les experts qui publicisent explicitement une expertise engagée. L’expertise s’est affranchie d’une instrumentalisation politique et, en assumant un point de vue engagé et argumenté, contribue selon nous à enrichir le débat public.
Les controverses environnementales impliquent au moins deux formes attendues de contributions sociales pour les chercheur-e-s qui se spécialisent dans l’une ou l’autre des dimensions de ces questions vives; l’avis d’expertise et la production de connaissances savantes. Est-il possible d’envisager l’une ou l’autre de ces contributions dans une posture de neutralité scientifique? Peut-on traiter de questions socio-écologiques vives en mettant de côté son idéal de vie bonne? Et que penser des productions scientifiques qui prétendent à la neutralité tout en mobilisant la perspective du développement durable?
Jorge : La recherche et l’intervention auprès de personnes appartenant à groupe populationnel stigmatisé, dont les populations les plus à risque de contracter le VIH ou les personnes vivant avec ce virus, comporte plusieurs enjeux méthodologiques et éthiques. La recherche communautaire, par ses principes de participation et d’inclusion de la communauté à toutes les étapes du processus de recherche, représente une façon d’effectuer des études auprès de (et avec) ces populations. Cependant, l’application de cette approche représente plusieurs défis pour les acteurs du milieu de la recherche, pour ceux du milieu de pratique ainsi que pour les personnes concernées. Pour le milieu académique, plusieurs défis se posent, notamment : le financement, la diffusion, la reconnaissance du milieu. Quant aux acteurs du milieu (organisations et personnes concernées), les défis concernent la compréhension du processus de recherche, la transformation des résultats en action, entre autres. Le but de cette présentation est de recenser les principaux défis auxquels sont confrontés les chercheurs qui s’intéressent à la recherche communautaire. Nous recensons les principales stratégies utilisées afin de faire face à ces défis et discutons de leur applicabilité à partir d’une expérience de recherche menée dans le domaine du VIH. Plusieurs stratégies recensées dans cette présentation peuvent s’appliquer à la recherche auprès d’autres populations dites « cachées » et/ou stigmatisées.
Mélissa : Sinon quoi? Hors de la neutralité, quel idéal normatif pour la recherche scientifique? La neutralité n’est pas pensée uniquement à la manière d’un attribut de la science, mais bien aussi à titre d’idéal normatif. Elle est associée à la recherche de la réalité objective, une réalité vraie pour tout le monde, sur laquelle l’humanité pourrait s’appuyer dans ses projets. Les études sociales des sciences mettent en doute de manière très convaincante la possibilité de cette réalité objective et de la neutralité censée y conduire. Mais quand est-il de l’aspect normatif? La recherche de la réalité est-elle en soit problématique? Ces problèmes peuvent-ils être palliés par une posture d’humilité, d’ouverture ou de réflexivité, sans refonte complète de l’idéal de neutralité? Sinon, quel autre idéal pourrait rallier les scientifiques? L’intersubjectivité? La coconstruction? L’utilité? Je réfléchirai à ces questions à la lumière de mon expérience de recherche en biologie (évolution) et en communication publique (relations science et société).
Stéphane : Injonction de neutralité, activités militantes et recherche universitaire. À l’aune de ma propre expérience, j’explorerai l’injonction de neutralité axiologique dans les articulations entre activités militantes et recherche universitaire. Mon parcours universitaire est ancré dans un engagement militant : c’est mon implication au sein des mouvements sociaux qui m’a amené aux sciences sociales. Fort de cet ancrage, mes choix d’objets de recherche ont toujours été orientés vers mes intérêts politiques et j’éprouve une affinité envers les épistémologies qui problématisent l’idée de neutralité, notamment les théories féministes du standpoint (Harding) et de la connaissance située (Haraway). Malgré cela, je constate que je maintiens dans mes activités une distinction assez nette (bien qu’ambivalente) entre militantisme et recherche, et entre engagement et neutralité. Cette distinction m’apparaît importante sur le plan éthique, c’est-à-dire dans la manière dont j’appréhende mes relations avec les personnes que je considère, ou non, comme « sujets » de mes recherches. Par exemple, avec quelle fermeté puis-je prendre position dans un débat qui anime un groupe dont je souhaite faire l’ethnographie? Puis-je passer sans friction d’un rôle de militant « dans » un groupe à un rôle de chercheur « sur » ce groupe? Ces questionnements ont-ils une valeur en soi, ou sont-ils simplement une réminiscence du positivisme? Telles sont certaines questions que je souhaite soulever dans ma présentation.
Depuis la nuit des temps, l’histoire est incomplète. J’oserai même dire que l’historiographie est toujours un travail inachevé. L’historiographie est également souvent subjective, car elle est écrite selon un contexte précis. Niranjana T. (1992) ne fait qu’accentuer cette subjectivité lorsqu’elle insiste sur la relecture et la retraduction depuis une perspective postcoloniale. Elle explique comment le choix de mots change d’un contexte à autre et ainsi comment les stratégies de traduction se déploient et par le colonisateur et par les revendicateurs de décolonisation pour atteindre leurs objectifs. En effet, dans un contexte colonial ou postcolonial, la traduction peut être manipulée pour servir un projet colonial ou un projet de décolonisation. Cette pratique devient donc, dans certains cas, un moyen de collecte d’informations portant sur un lieu et un peuple donnés, ou encore un projet identitaire (Tymoczko : 1999). Ceci correspond au cas de la première traduction française du Livre des Exemples d’Ibn Khaldoun réalisée entre 1847 et 1851 par le baron De Slane, élève de l’orientaliste célèbre Sylvestre de Sacy. Il s’agit d’une traduction purement subjective qui avait comme but d’assurer la présence française en Méditerranée et de mieux contrôler la population de cette région. Nous explorons dans ce travail le degré de neutralité de cette réalisation à la lumière des travaux de recherches récents portant sur les traductions coloniales et postcoloniales. Nous tâchons ainsi de montrer comment la subjectivité du traducteur, ses décisions et ses motivations sont reliées à tous les éléments contextuels mis en valeur par les théoriciens.
Alors que la France possède une vieille tradition de contestation non-violente, il lui manque un débat universitaire sur la non-violence. Rares sont les chercheurs qui ont exploré le sujet au-delà de quelques références historiques ou renvoyant à des recherches anglophones. Les travaux sont éparpillés, souvent produits en marge de l’université. Néanmoins, ce paradoxe s’explique si l’on tient compte de l’origine du concept et de l’héritage positiviste de la Science politique hexagonale. Forgé par des auteurs-acteurs tels que Gandhi, King, le Dalai Lama, le terme non-violence manque de cette distance entre analyse et militance si nécessaire à l’universitaire. De plus, ses fondateurs étant religieusement inspirés, le mot reste connoté de spiritualité, champ que les universitaires français abordent avec grande caution. Enfin, le concept gêne car il questionne des fondamentaux en Science politique française, entre autres l’efficacité de la violence. Ce terme dérangeant est donc souvent ignoré au profit d’autres registres considérés comme plus neutres tels « luttes sociales » « contestations » ou « résistances ». Découlant en grande partie de l’injonction de neutralité, cette absence a cependant un coût. Les universitaires français peinent à penser scientifiquement tant les questions de défense que celles de désobéissance civile et de révolutions populaires. De fait, neutralité et silence couvrent prismes et tabous.
Immergé en observation intégrée au sein d’une classe, la situation éducative est disséquée par l’analyste. Il s’efforce de rendre accessibles et explicites les réalités qu’il constate en relation avec son objet de recherche. Il prône une neutralité totale sur le phénomène étudié. Est-ce que la neutralité d’analyse et de restitution de l’objet étudié est réelle? Après avoir différencié l’observation intégrée des autres démarches d’investigation et justifié ce qui à notre sens est source de neutralité, nous exposons brièvement la praxéologie mise en œuvre pour déterminer s’il y a une part d’illusion de neutralité dans les sciences humaines. Le prisme de cette approche permet de mettre en exergue une forme de neutralité sachant qu’elle ne répond et ne satisfait que les mouvances qui y trouvent leur compte. Les outils, les orientations, les attitudes et les précautions d’étude façonnent cette neutralité. Les références, les appartenances, les croyances et les certitudes impriment dans les productions ce qui est donné pour être une neutralité dite scientifique. Des problèmes de restitution, de subjectivité objectivée et de distanciation empathique mettent au jour des zones d’ombre inhérentes à toute étude. Enfin, des enseignements sur l’observation intégrée et sur les sciences humaines dans leurs productions nous informent au sujet de cette part d’illusion source de légitimation pour une scientificité arcboutée sur des méthodologies qui formatent les faits en toute neutralité.
Vendredi 12 mai
09 h 00 à 12 h 00 : Panel Neutralité, (post)colonialisme et études décoloniales
Présidence/Animation : Laurence Brière (UQAM)
Discutante : Émilie Tremblay (UQAM)
Participants : Sylvie-Marianne Rhugenda (Université Laval), Delphine Abadie (Université de Montréal), Léonie Gisèle Métangmo-Tatou (par Skype) (Université de Ngaoundére, Laboratoire LADYRUS), Milouda Medjahed (Université de Montréal), Montserrat Fitó (par skype) (EHESS), Estelle Kouokam (Université catholique d’Afrique centrale), Fabio Pereira (Université de Brasilia)
Léonie : Nous pourrions reprendre à notre compte l’assertion irrévérencieuse et même iconoclaste de Donna Haraway : « Objectivity is a fiction ». C’est signe que la réflexion épistémologique interroge désormais l’ancrage – social mais aussi biographique – du chercheur. Il existe en effet une dimension proprement biographique que certains chercheurs n’hésitent pas à articuler avec leur problématique de recherche. Au-delà de cet ancrage strictement individuel, on note que dans certains contextes, l’ancrage social devient non pas une option, mais une dimension constitutive de la mission du chercheur. A ce propos, notons que certaines organisations internationales accordent désormais un crédit inédit à une recherche orientée vers les attentes sociétales. Dans ce sillage, pour de nombreux pays africains, l’aspiration à l’objectivité scientifique comprise dans le sens classique (aucune influence des personnes ou des contextes) n’a quasiment jamais existé. En effet, nonobstant une tendance scientiste toujours tenace, les politiques scientifiques africaines ont su prendre leur indépendance du fait de la prégnance particulière des enjeux de formation des hommes, de sécurité alimentaire, de santé, etc. Les aspirations au développement ont libéré l’activité scientifique – et la formulation des politiques – de la crispation captieuse d’une austère neutralité. Aussi, les dispositifs nationaux de promotion évaluent-ils en partie le parcours du chercheur à l’aune de son implication citoyenne.
12 h 00 : Lunch
14 h 00 à 14 h 45 Panel : La question de la conciliation entre recherche et militantisme : perspectives pratiques et critiques
Participants : Christine Vezina (Université Laval), Karine Gentelet (UQO)
Le sujet de ce panel, et des deux suivants, porte un sujet transversal qui mobilise de multiples disciplines des sciences sociales. La plupart du temps, le sujet de la conciliation entre recherche et militantisme est pourtant traité en tant qu’enjeu périphérique de la recherche. Notre objectif est donc de replacer cette conciliation en tant qu’enjeu déterminant des pratiques en recherche. Nous cherchons également organiser la réflexion spécifiquement sur les dimensions de cette conciliation de manière à développer un champ de recherche en tant que tel, à savoir les enjeux épistémologiques, méthodologiques et éthiques, la mise en œuvre de cette conciliation et les conditions d’accès au savoir et à la multiplicité des formes de diffusion.
14 h 45 à 15 h 30 Panel : La question de la conciliation entre recherche et militantisme : enjeux épistémologiques, méthodologiques et éthiques
Présidence/Animation : Christine Vezina (Université Laval)
Participants : Jean-Marc Fontan (UQAM), Emmanuelle Bernheim (UQAM)
15 h 30 Pause
15 h 45 à 16 h 30 Panel : La question de la conciliation entre recherche et militantisme : l’accès aux savoirs et la diffusion
Présidence/Animation : Karine Gentelet (UQO)
Participants : Louis Philippe Lampron (Université Laval), Florence Piron (Université Laval)
16 h 30 Mot de clôture et projet de livre
Laurence Brière (UQAM), Mélissa Lieutenant-Gosselin (Université Laval), Florence Piron (Université Laval)
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Liens YouTube pour suivre en direct les conférences (par webcam) et les revoir plus tard :
Première partie (10 mai, 9 h – 10 h) : https://www.youtube.com/watch?v=dPXPlSmvwzc
Deuxième partie (10 mai, 13 h 30 – 17 h) : https://www.youtube.com/watch?v=IqcFqnx7vvA
11 mai, matin : Marie-Ève Maillé, Robin Birgé : http://youtu.be/rZ6fV4r1lAY
11 mai : Laurence Brière : http://youtu.be/28gBDIe5ELc
11 mai
11 mai pm, table ronde sur le climat à l’ère Trump : http://youtu.be/_XGdmHN2LQ8
11 mai pm, table ronde sur l’engagement (Stéphane Couture, Mélissa Lieutenant-Gosselin et Jorge Flores-Aranda) http://youtu.be/AWjZcpV5ZmE
11 mai pm, table ronde sur le féminisme (Camille Robert, Stéphanie Pache, Samir Hachani) ( http://youtu.be/8JfZQ2Pv6LI
11 mai pm, Milouda Medhahed et Cécile Dubernet
12 mai pm, table ronde sur les études postcoloniales (Sylvie-Marianne Rhugenda et Milouda Medjahed) : http://youtu.be/j2gV4QWuaG4
12 mai, conférence d’Estelle Kouokam : http://youtu.be/4aDb2AowxxU
12 mai : table ronde sur recherche et militantisme (pratique et critique – Gentelet et Vézina) : http://youtu.be/wgF62ScPeQ4
12 mai : table ronde sur recherche et militantisme (Épistémologie et éthique ; Bernheim et Fontan)
12 mai : table ronde sur recherche et militantisme (Libre diffusion des savoirs – Lampron et Piron) : https://www.youtube.com/watch?v=Sq5Tr5cz2A0