L'Association science et bien commun rend publique la deuxième édition du mémoire qu'elle a déposé le 15 août 2012 auprès de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) en vue du renouvellement de la Stratégie québécoise de recherche et d'innovation. Intitulé Pour une politique scientifique au service du bien commun, ce mémoire propose des changements radicaux à la Stratégie actuelle qui fait l’objet de critiques et d’inquiétudes dans le milieu scientifique et éducatif en raison de la priorité qu’elle accorde à la marchandisation du savoir et de la latitude qu’elle laisse aux lobbies de chercheurs et d’industriels.
Structuré selon le plan proposé par l'ACFAS, le mémoire propose 15 recommandations que nous vous invitons à commenter et enrichir par courriel ou dans un commentaire ci-dessous. Au besoin, une troisième édition sera publiée en décembre 2012.
La rédaction de ce mémoire a été nourrie des discussions entre les membres de l’Association depuis sa création, du colloque « Une autre science est possible », du colloque de l’Association à l’ACFAS en 2012 et des idées recueillies lors des différentes phases du projet web « La science que nous voulons». Le conseil d'administration de l'Association remercie toutes les personnes qui ont ainsi participé à cette réflexion collective – qui doit se poursuivre de manière continue.
Bonne lecture!
Recommandations de l'Association science et bien commun au gouvernement québécois à propos de sa future politique scientifique :
1. Diversifier la provenance des auteurs de la politique scientifique du Québec pour inclure des représentants des sciences humaines et sociales, de la recherche fondamentale et de la société civile.
2. Soumettre tout projet de politique scientifique à une étude en Commission parlementaire (voir la pétition pour la tenue obligatoire d'un débat parlementaire sur toute politique scientifique)
3. Soutenir financièrement une recherche scientifique publique de qualité, notamment en sciences sociales et humaines et en recherche fondamentale qui n'ont pas d'autres sources de financement, en relation avec les préoccupations et les besoins de la société québécoise, dans le but de permettre aux Québécois de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent.
4. Privilégier la société du savoir (UNESCO 2005) par rapport à l'économie du savoir (OCDE 1996) et ne soutenir qu’exceptionnellement la recherche privée au sein de la grande industrie qui dispose des capitaux nécessaires à cette fin.
5. Encourager les chercheurs et les universités à s'ancrer davantage dans leurs communautés et à y jouer un rôle majeur de transfert de connaissances et d'innovation en valorisant davantage dans les dossiers des chercheurs la recherche collaborative et les activités de diffusion et de transfert des connaissances vers la société en général.
6. Préparer une formation obligatoire de base en éthique, sociologie et histoire des sciences destinée à tous les nouveaux chercheurs.
7. Mettre en place au sein du ministère responsable de la science une cellule permanente de réflexion sur la priorisation des domaines de recherche, indépendante des lobbies de chercheurs, d’universités et d’industriels.
8. Abolir le concept de projet mobilisateur et ramener sous la juridiction du Fonds de recherche du Québec la gestion de toutes les subventions aux chercheurs dans tous les domaines de recherche.
9. Inciter tous les ministères actifs en recherche et en innovation à se doter d’une politique active de recours à l’expertise québécoise et internationale sur les sciences.
10. Créer un portail Internet regroupant toutes les occasions de participation citoyenne en science.
11. Inciter fortement les chercheurs (et les revues scientifiques) à rendre accessibles gratuitement sur Internet leurs publications issues de projets financés par des fonds publics québécois.
12. Encourager les universités à développer leur mission de service à la collectivité et des programmes qui appuient la collaboration des chercheurs avec la société civile ou les milieux de pratique.
13. Décentraliser les espaces de réflexion sur la science et l’innovation en incitant les régions à se doter de comités régionaux de la recherche scientifique et de laboratoires vivants.
14. Appuyer le développement du mouvement « Open data » au Québec, qui vise le partage des données brutes pour augmenter la coopération entre les chercheurs.
15. Encourager les croisements de disciplines dans les projets de recherche en repensant les comités d’évaluation des demandes de subvention.